Pietro Leemann1961
Je suis né à Locarno, fils d’Ada et d’Alfredo, enseignants et amateurs de bonne alimentation naturelle.

Pietro Leemann1962
La famille déménage à Minusio dans la nouvelle maison avec un grand potager qui sera le premier lieu de mes jeux imaginaires et entourés par la nature.

Pietro Leemann1963
Naissance de ma sœur cadette Anna. Avec ma grande sœur Barbara, deux ans de plus que moi, nous sommes trois enfants tous différents les uns des autres. Barbara est brillante, moi timide, Anna très douée pour la musique.

Pietro Leemann1964
Je rentre à l'école maternelle dans un institut religieux. Le premier jour, grandes larmes et puis naissance des premières amitiés.

Pietro Leemann1965
La certitude d'être une entité. La recherche de la vérité et des pourquoi commence avec la certitude que les grandes personnes m’expliqueraient ce que je ne comprenais pas.

Pietro Leemann1966
Ecole primaire à Tenero, mon père enseigne dans la même école et conduit le petit bus qui emmène les élèves dans la campagne. Tout est parfaitement à sa place.

Pietro Leemann1967
Mes camarades s'amusent à faire du mal aux petits animaux, je découvre les violences sur les autres êtres et je m'y oppose. En cachette, je vais chez le prêtre à prendre l'hostie.

Pietro Leemann1968
J’écoute une chanson des Beatles grâce au grand frère d’un compagnon de classe, il me semble qu’un monde magnifique est en train de naître. Je promets à une compagne que je l'épouserai (puis je ne l'ai pas fait). Je découvre l'existence de Dieu grâce aux livres oecuméniques de ma tante abbesse.

Pietro Leemann1969
Je dévore les livres, j’aime écrire, j’aime les mathématiques, apprendre est beau! Je ne participe pas à l’heure de religion, mais je le fais du fond de la salle, ça me plaît énormément.

Pietro Leemann1970
Mon père achète un vieux char militaire qui devient un instrument de jeu et de voyages, il nous construit une cabane dans le bois, un lieu d'aventure où découvrir des petits animaux, des racines et où jouer aux voitures et à la poupée. Mara naît atteinte du syndrome de down, le cadre de la famille se modifie.

Pietro Leemann1971
Nous commençons à aider mon père dans ses constructions et ma mère, excellente cuisinière, est en cuisine. Moi je préfère l’aider, surtout pour préparer les gâteaux. Et à les manger. Le biscuit enroulé avec des oreilles d'éléphant devient célèbre.

Pietro Leemann1972
Je rentre au lycée de Locarno, d'une maître je passe à plusieurs que nous appelons prof, les matières augmentent, celles que je préfère sont les mathématiques, la géographie, les sciences et le Français. Les fillettes commencent à devenir des femmes, moi je reste enfant.

Pietro Leemann1973
La vie se complique, quelques camarades commencent à pratiquer le bullisme, les filles portent des pantalons étroits et font semblant d'être adultes, elles parlent d'aspects de la vie qui me semblent futiles.

Pietro Leemann1974
Un été avec deux amis, nous décidons d'aller aider dans un alpage. Je découvre un monde ancestral qui me choque, nous devons nous lever très tôt le matin, nous mangeons peu, nous dormons tous ensemble dans une grande pièce. Une expérience à laquelle je n'étais pas préparé et qui fait accélérer ma recherche introspective, j’essaye de donner la juste valeur aux choses.

Pietro Leemann1975
Je suis en crise, je pense que le monde va de travers mais je ne trouve pas de réponses. Je n'ai personne à qui me confier, je voudrais comprendre plus de choses. Mes cheveux s'allongent et mon rendement scolaire baisse, cependant des belles amitiés naissent qui me font comprendre que nous restons sur le même bateau.

Pietro Leemann1976
Angelo Conti Rossini, un grand cuisinier du canton du Tessin, après avoir été interviewé par mon père, vient manger chez nous. Je le regarde avec curiosité, c’est vraiment un personnage extraordinaire. Il nous porta un Bavaroise à la vanille comme dessert, je resta foudroyé, une nouvelle prospective s'ouvre et je décide de devenir cuisinier.

Pietro Leemann1977
Mes parents attendaient de moi un autre choix professionnel, ils me demandent alors de faire un stage d'un mois dans un hôtel qui me plaît énormément. Je finis le premier cycle d'études et je demande à Angelo de m'aider à trouver un lieu d’apprentissage.

Pietro Leemann1978
Je commence à travailler à Lugano "Da Bianchi", un restaurant de cuisine traditionnelle italienne. Je suis content d'être indépendant. L’ambiance est très masculine. Même étant ami avec tout le monde, je prends les distances des mondanités les plus agressives.

Pietro Leemann1979
Je lis enfin ce qui me plaît, je me passionne pour la science-fiction, je commence à lire des textes de philosophie et d'histoire de la religion. Je vais à des conférences, dont une avec Rita Levi di Montalcino à qui je demande si selon elle un être supérieur à l'homme peut exister. Elle me répond que non.

Pietro Leemann1980
Je finis l'apprentissage plein de connaissance et de plaisir. Je suis surnommé âme longue pour ma hauteur et parce que je raconte aux collègues des anecdotes sur la recherche spirituelle. Je me sens comme un poisson hors de l'eau, je suis obligé de manger de grandes quantités de viande que je n'ai pas encore digéré. Ce que je m'attends de la vie est moins d’aventures sexuelles et de jeux qui semblent pour eux le centre et le sens de chaque activité.

Pietro Leemann1981
Service militaire sur le Mont Ceneri, je déclare que je ne veux pas de fusil, ils me donnent alors un pistolet. Lors des tirs sur cible obligatoires, je fais exprès de mal tirer pour ne pas être contraint à faire carrière. Malgré cela, je suis choisi pour devenir caporal, ce qui signifie 4 mois supplémentaires de service. Pour l’éviter, j'invente une histoire à faire pleurer dans les chaumières. Avec le recul, j’aurais préféré faire l'objecteur de conscience. Saison à S. Moritz, à Corviglia où j'apprends la cuisine traditionnelle française. Viande, poisson, heureusement beaucoup de gâteaux que je mange en abondance, ceci me sauve de la dépression, ce n'est pas la cuisine que je désire.

Pietro Leemann1982
Saison estivale à Montreux. Travailler dans un hôtel est une promenade par rapport aux restaurants. Je me détends tellement que cela ne me plaît pas, j'ai du temps pour me dédier à mes études. En automne, j'envoie mon curriculum chez Girardet, considéré alors comme le meilleur représentant de "la nouvelle cuisine". Grâce à l'aide de Conti Rossini, je suis accepté dans la brigade de 24 personnes.

Pietro Leemann1983
Une année sous le signe de la grande cuisine. Le meilleur restaurant où j'ai travaillé (après Joia bien évidemment). J'apprends la rigueur, à ne jamais me tromper, à vouloir toujours faire mieux: une école de cuisine et de vie qui me marque profondément et qui me rend professionnellement solide. Notre chef, Jean Michel Colin, est une personne extraordinaire, exigeante mais calme. Je découvre que nous nous intéressons aux mêmes livres, il m’apprend la pondération même dans les moments de grand stress.

Pietro Leemann1984
Après cette expérience, je me prends trois mois sabbatiques pour me reposer du surmenage, pour mettre au point tout ce que j’ai appris et pour étudier. Travailler dans les grandes brigades ne me laissent pas beaucoup de temps. Ce que je désire commence à se préciser: une bonne cuisine et avec culture. En mars, je travaille au restaurant de Gualtiero Marchesi situé Via Bonvesin de la Riva. Une cuisine plus immédiate que celle de Girardet mais moins rigoureuse. La rigueur est la base de la cuisine de qualité, je réussis alors à mettre en pratique ce que j’ai appris. Marchesi est une personne extraordinaire, un gentilhomme de culture, pour le respect pour chacun de nous. Je passe avec lui de très belles journées à rêver sur l'évolution de la cuisine, à réunir le présent à la cuisine. Un vrai maître à penser.

Pietro Leemann1985
Je prends à nouveau quelques mois sabbatiques dans le chalet à la montagne de mes parents. J'ai appris et j'ai besoin de réfléchir. Je déménage à Genève et je travaille à l'hôtel Richmond. Le chef est un élève extraordinaire de Michel Guérard, un des pères fondateurs de la nouvelle cuisine. J’y reste 6 mois, le temps de gagner un peu d'argent et de me consacrer à ma recherche. Je deviens végétarien, je fréquente des groupes de Chrétiens, je m'inscris comme étudiant externe aux cours de philosophie et de psychologie à l'université de Genève. J'ai le doute qui j’aurais pu ne pas arrêter d'étudier. Le milieu universitaire me plaît beaucoup et je crois comprendre comment les autres pensent. Je me sens surtout bien dans un milieu de personnes qui pensent. Pour la première fois, je deviens végétarien, je comprends qu'il s'agit de l'évolution de l'alimentation, vers soi-même et vers la planète.

Pietro Leemann1986
L'occident, ses modèles philosophiques et sa cuisine sont ancrés en moi. La pensée positive est dans chaque comportement et il est toujours critiquable, on mange les mêmes choses à Paris, Milan ou Munich. Je découvre la cuisine chinoise et japonaise que cependant je ne comprends pas. Je m'intéresse au bouddhisme en lisant des textes mais je ne le comprends pas. Je décide alors de partir pour la grande aventure, avec l’argent économisé je pars pour l'Orient. Ce que je rencontre est complètement différent de ce à quoi je m'attendais: une chose est lire, une autre est vivre la réalité. Je passe une année très enrichissante en Chine où j'étudie la langue, la cuisine et la culture. Je pratique le Tai chi, mon premier instrument de méditation.

Pietro Leemann1987
Je suis engagé au Japon à l'École Tsuji d'Osaka où j'enseigne la cuisine italienne et française. Les meilleurs chefs français, chinois et japonais viennent enseigner, j’ai des discussions extraordinaires avec eux. Je me rends compte qu'il y a des modèles alimentaires et philosophiques de grande importance, un nouveau monde s'ouvre. J’étudie, je réfléchis, je fréquente des moines et des missionnaires chrétiens, je commence la pratique du Kendo qui représente parfaitement l'esprit du pays du Soleil Levant. Je deviens plus introspectif, je mets au point mes désirs qui deviennent mes objectifs, je fais des choix qui déterminent la poursuite de ma vie.

Pietro Leemann1988
Je dois décider si je reste en Orient ou si je rentre chez moi. Ce que je vis n'est pas facile, chaque jour est extraordinaire: j'étudie, je pratique, je découvre des choses, j'ai beaucoup d'amis. Le risque est de rester pour toujours en Orient. J'ai beaucoup découvert et j’aimerais le transmettre à l'Occident. Je décide de rentrer en passant par la Chine, par la Place Tian An Men en révolte. Là j'achèterai un billet de train pas cher pour rentrer en Europe en passant par la Sibérie le long du lac Bajkal. Moscou où les restaurants émergents sont cachés dans des ruelles pour ne pas déplaire au régime, la Pologne où la neige a fondu, les champs de blé sont déjà hauts et les grands cerfs courent à côté de la ligne des chemins de fer. Je passe la frontière à Berlin où le mur était encore debout et où je suis contrôlé de la tête aux pieds.

Pietro Leemann1989
Je reviens travailler avec Gualtiero Marchesi, je l’aide à organiser les banquets pour Bulgari dans le monde entier, j’écris pour des magazines du secteur, j'interviewe des cuisiniers et des pâtissiers, je suis conseiller de restaurants qui ouvrent ou qui veulent s’améliorer. Mais tout ceci ne me satisfait pas, je peux encore mieux enseigner tout ce que j’ai appris. Bien que je sois très libre, c’est un style de vie qui me va très bien. En juillet, je suis contacté par un groupe d'amis de clairvoyants (Raimondo, Luca, Alberto, Nilde, Anna, Laura et Nicla le gérant responsable) qui veulent relever un défi végétarien: le Joia. En septembre, nous commençons, moi d’abord comme conseiller puis j’entre dans la société', puis je commence à travailler à temps plein.

Pietro Leemann1990
Avec Nicla, nous reprenons la gestion du restaurant qui a du mal à décoller. Mes idées sont très avant-gardistes: le plat "hommage au surréalisme" naît et reste dans le menu 6 mois mais n'est pas compris, "couleurs, goûts et consistances" devient le plat symbolique du Joia. Pouvoir m’exprimer sans utiliser de la viande ou du poisson est extraordinaire. Pendant mon temps libre, j'enseigne le Tai Chi et j’étudie.

Pietro Leemann1991
Je publie mon premier livre: "Haute cuisine végétarienne". Le restaurant commence à se faire connaître, nous participons à "Savoir et Saveurs" d’Igles Corelli, en cuisine avec nous il y a Alain Sanderens, Iginio Massari et Alain Chapel, le grand cuisinier disparu que j’avais connu au Japon. La cuisine en Europe se ressemble, je décide d’arrêter de lire des livres qui te conseillent et de créer sans aucune influence extérieure. Avec Nicla, nous formons un couple, au travail et dans la vie, je fais partie de sa famille.

Pietro Leemann1992
Grâce à mon expérience en Chine, où toute la cuisine végétarienne joue sur l’imitation de la consistance de la viande et du poisson, je crée des plats imitant la viande, le poulet aux pommes de terre, le rôti végétarien, le filet d’olives. J’invente des plats qui attirent aussi un public carnivore qui peut ainsi se rapprocher d’une cuisine tout autant bonne mais plus éthique et plus saine.

Pietro Leemann1993
Je projette des saveurs qui deviennent le fil conducteur et la caractéristique du Joia jusqu’à aujourd’hui. Le pesto léger, les aubergines fumées, le curry adouci, le gâteau au chocolat, la meringue cuite à la vapeur, le pesto d’avocat et légumes. Des nouveaux plats historiques naissent comme le chocolat, le riz basmati et la zizanie cohabitent? Un nouveau parcours débute.

Pietro Leemann1994
Des plats comme "douceurs superposées", "bananes aux amandes", soupe d’agrumes à l’orientale naissent. La cuisine s’anoblit, j’espère recevoir la première étoile cette année-là, c’est encore trop tôt. Cependant, le restaurant a du succès, nous faisons 60 couverts tous les soirs, nous sommes trois en cuisine et nous courrons. Les guides nous récompensent, nous avons de bonnes recensions sur les guides Espresso et Gambero Rosso, des beaux moments plein d’énergie.

Pietro Leemann1995
Avec Jean Bernhard Aegerter, grand photographe lui aussi d’origine suisse, nous pensons à la cuisine et à son image. Nous faisons des expériences alimentaires dans la nature, nous allumons un feu et nous cuisinons une courge, dans une fente dans la roche nous faisons couler du fromage. A l’aide de nouvelles images, nous essayons d’unir images et nature. Nous prenons les photos pour le livre "Couleurs, goûts et consistances dans la haute cuisine végétarienne", mon livre le plus beau jusqu’à aujourd’hui devient une icône de la cuisine. Ce travail me permet de faire un bond en avant pour l’esthétique et la conception. L’œuf apparent naît.

Pietro Leemann1996
L’étoile Michelin arrive enfin, la garantie d’une cuisine végétarienne de qualité. En été, je passe un mois mystique près d’un lac isolé au Canada. De cette expérience, le plat "les fraises se reflètent dans le lac" naît. Une expérience qui me permet d’accentuer l’aspect introspectif de la cuisine, le but de la nourriture est d’entrer en relation avec les autres, avec nous-mêmes et avec le monde phénoménique. Les plats du menu commencent à devenir une façon de passer un message aux clients.

Pietro Leemann1997
L’année du Mont Verità, un lieu sacré de la cuisine végétarienne. Au début du siècle dernier, un groupe de visionnaires fonde une communauté à la recherche les valeurs de l’existence. Théosophie et anthroposophie se croisent et trouvent un terrain fertile qui aboutira à la naissance des mouvements écologistes et naturalistes. Je suis choisi pour la gestion par affinité de pensée. Après un an de succès, mon contrat n’est pas renouvelé parce que je refuse de cuisiner de la viande. Les plats "assiette Angelo Conti Rossini" (en honneur de mon mentor) et la version à la vanille du très apprécié chocolat naissent.

Pietro Leemann1998
Année de transition, dédiée avec passion à la réalisation spirituelle. Je rencontre Don Piero, le curé de l’ermitage de Vercio, au-delà du lac de Mergozzo. Je passe avec lui des moments inoubliables d’échange et de connaissance. Le monde entier me stimule, je commence à l’introduire dans la cuisine du Joia.

Pietro Leemann1999
Je rencontre Rosanna et un nouveau parcours de ma vie débute. Nous nous marions en novembre. En décembre, naissance de Romy. Tout arrive très vite, je suis très heureux. J’ai de la chance, j’ai obtenu tout ce que je désirais: des expériences orientales au travail dans les restaurants qui me plaisaient, à mon propre restaurant et une famille à 39 ans. De personne trop sérieuse, je deviens joueur et je commence à jouer avec la cuisine.

Pietro Leemann2000
Naissent la spirale du goût, spaghettis à l’italienne, fruits des bois dans d’autres consistances (non celles moléculaires), je joue avec les couleurs et les formes, je fais participer le client à la joie de la nourriture et de la vie. Je travaille avec transparence et je recherche la lumière.

Pietro Leemann2001
Je fais une recherche sur la naturalité de la nourriture, je me rapproche des producteurs, je propose au restaurant un choix de 30 fromages, dont celui du mythique Rodolfo Bernardini que je vais saluer sur son alpage à Cravariola. Bien qu’il mange une marmotte, je me rends compte que ma vie ne peut être que végétarienne et sans violence. Mon langage commence à changer, la ratatouille décomposée et le ravioli de la Renaissance naissent.

Pietro Leemann2002
Une année toute milanaise, avec des excursions stimulantes en Sicile et en Haut Adige, deux modèles pour le il fait bon vivre et la bonne nourriture. Les plats "La douce peau du lait", "Conserve musicale", "Gong", "Bien-Etre", "Eloge à la pureté" naissent.

Pietro Leemann2003
Avec Rosanna, nous achetons une vieille maison à rénover dans le canton du Tessin. Nous sentons le besoin d’un pied-à-terre à la campagne, un choix important pour l’évolution du paysage intérieur. Il est fondamental de maintenir une relation avec la nature et avec nos racines. Ma charlotte et Lady Curzon (l’épouse du Vice-roi d’Inde), les plats "L’autre Gaspacho" et "la Cérémonie du moi" naissent.

Pietro Leemann2004
Grandes lectures et envie de construire. Vivre en famille est extraordinaire et est une source continue de sérénité. Ma créativité naît de cette source qui a rempli mon être. Les plats "Avec huile d’olive vierge extra", "D’abord à gauche puis à droite", "in solluchero" et "Kitsch" naissent.

Pietro Leemann2005
Une vie de famille intense et une année de transition. Tout se déroule intensément, si vite sans me laisser de souvenirs. Les plats "Mélodie de base", "Séquence non fortuite", "Mikado", "Volume croissant", "Double énergie" et "Ah" (un plat né d’une suggestion de ma fille) naissent.

Pietro Leemann2006
Travaux de restructuration au restaurant, le fleuriste à côté s’en va, j’achète l’espace et je le transforme en cuisine faite sur mesure, très moderne où j’ai pensé comment optimiser le travail et pour économiser l’énergie, un objectif nécessaire dans ce millenium. La qualité du travail. Je publie "Electa", le livre du gastronome et poète chinois Yuan Mei du même âge que Brillat Savarin. Je compare les deux cuisines pour distinguer les différences, les similitudes et les substances. Mon livre le plus savant. Les plats "Pain de tomate", "Blub", "Une pierre qui roule", "Etiquette non conforme", "Contact et consensus" et "Faux canard à la pékinoise" naissent.

Pietro Leemann2007
Je connais Marco Ferrini, un extraordinaire orateur de la culture des Veda, qui me fait découvrir le monde fascinant de la "bhakti", la recherche du grand amour pour Dieu, le créateur et ses créatures. J’étudie l’ayurveda qui me confirme que je suis sur la bonne voie. Les bons choix alimentaires sont à la base d’une vie pleine et heureuse. Les plats "Vertu", "Persévérance", "Nourriture pour l’esprit", "Bonheur" et "Hommage à Rudolf Steiner" (un grand mythe européen) naissent.

Pietro Leemann2008
Avec Giunti, je publie "Les nouvelles frontières de la cuisine végétarienne", je me consacre à agrandir ses frontières et les miennes. Ma vie est disciplinée pour optimiser ma recherche, l’unique moyen pour aspirer à une vraie évolution. Les plats "Serendipity dans le jardin de mes rêves", "Ce que je mangerais tous les jours", "Comme à la maison", "Eloge au simple plaisir", "Pour ceux qui aiment les légumes", "Dessert de légumes savoureux" naissent et connaissent un grand succès.

Pietro Leemann2009
J’ai enfin enlevé le poisson du menu, je me sens finalement cohérent avec mes choix de vie. Avec mon beau-frère, j’ai semé et recueilli 800 kg de graines de sarrasin. Le futur est de retourner vers le passé! A l’intérieur du restaurant, j’ouvre kitchen, un bistrot amusant. Ma cuisine doit être démocratique et non seulement d’élite. Grâce à mes précieux collaborateurs, je peux me dédier à des projets en-dehors du restaurant, dont la mission est de changer le monde de l’alimentation. Les plats "Paysage intérieur", "Pro-fumo", "A l’horizon", "Cher Gualtiero", "Umami" et " le sixième goût fascinant" naissent.

Pietro Leemann2010
Deux voyages stimulants: un à Shangai et un à New York. Je constate que ce que nous faisons au Joia est à l’avant-garde par rapport au monde. Rosanna et mes filles m’offrent un Splüi, un refuge souterrain où j’affinerai les fromages. Projet pour un "farmers market " à Milan avec la participation des paysans de la Lombardie. Je me propose comme conseiller pour commencer à changer l’alimentation dans les cantines milanaises et du Canton du Tessin. Si les enfants apprennent à bien manger aujourd’hui, ils auront une vie plus sereine et construiront un monde meilleur. Les plats "Solaris", "Milan Joia", "2020", "Zuccherino" (Zuccheri No = pas de sucre), "Le plaisir intime de saucer son plat", "Paysage intérieur", "Maggese", la version solide de "Sous un manteau coloré" et d’autres encore naissent. Je suis très heureux.

Pietro Leemann2011
Anno importante. Compio 50 anni, li celebro con una grande festa in un bosco di Giumaglio, organizzata dai ragazzi del Joia. Arrivano amici da ogni parte, dal mondo culturale, artistico, familiare e spirituale. E naturalmente della cucina. Ad agosto sono finalmente accettato come discepolo da Shriman Matsyavatar Prabhu, guru della Gaudiya Sampradaya e grande divulgatore del sapere dei Veda, i testi sapienziali dell’India, il mio nuovo nome è Parameshvara dasa. La vita prende così felicemente un nuovo corso.

Pietro Leemann2012
Il Joia apre il bistrò anche a pranzo, grande successo! Volutamente un’immagine democratica di cucina sana per tutti. I contadini amici diventano sempre di più, gli approvvigionamenti biologici sono sempre più a chilometro zero, sogno di avere un orto fuori città e un alveare di care api sul balcone della casa di Milano. A novembre pellegrinaggio in India partendo da Kurukshetra, luogo dove si svolse l’epica battaglia che segnò il passaggio da Dvapararayuga alla nostra era presente, Kaliyuga. Quindi visito alcune città sacre, risalendo il Gange da Haridwar, a Rishikesh, fino a Devprayag, piccola città vicina alle sue sorgenti. Un viaggio affascinante, l’India conquista il mio cuore e mi svela la sua essenza facendomi incontrare luoghi e persone sante che mi svelano l’affascinante mondo della trascendenza.

Pietro Leemann2013
Qualche cosa è cambiato, l’attività di questi anni sta dando dei buoni frutti, mi chiamano a insegnare, a parlare dell’alimentazione vegetariana e della sua filosofia, a dare consigli anche in altri ambiti della ristorazione come quello artistico e scientifico, così la mia agenda si è infittita a dismisura. Soprattutto al Joia arrivano ospiti da sempre più lontano e sempre più motivati a uno stile di cucina proiettato al futuro Dopo alcuni anni di assidua applicazione dei principi etici e morali legati alle mie scelte spirituali, ricevo l’iniziazione di Brahmachari; al di là dell’aspetto formale ciò implica dedicarmi con reiterato impegno alla purificazione della coscienza e alla ricerca del Sè. Come in ogni attività il maggiore impegno dà risultati, osservandomi mi sembra che questa nuova acquisizione interiore mi ponga in una dimensione di maggiore chiarezza e mi sostenga nelle mie attività mondane e di divulgazione. Le responsabilità e gli impegni mi pesano meno, sento di far parte di un disegno più grande e perfettamente architettato, non mi preoccupo del raccolto che darà sempre buoni frutti.

Pietro Leemann2014
Scrivo e pubblico “Il sale della vita”, libro autobiografico dove racconto la mia trasformazione da onnivoro a vegetariano. Soprattutto osservo lo scorrere della mia esistenza nei suoi momenti più luminosi e in quelli che mi hanno cambiato profondamente, attraverso incontri che ne hanno scandito i ritmi e hanno determinato il mio essere attuale. Una riflessione anche sull’importanza di scegliere un cibo adatto, quale nutrimento per il corpo fisico e energetico, per la psiche e per l’anima. Siamo ciò che mangiamo e diventiamo ciò che scegliamo di mangiare. Con i ragazzi del Joia progettiamo e realizziamo, presso Cascina Caremma a Besate, il nostro orto in agricoltura sinergica. Uno stile agricolo teorizzato dal filosofo e agronomo giapponese Masanobu Fukuoka e messo a punto da Emilia Hazelip. Settimanalmente a turno andiamo a coltivare, raccogliere e togliere le erbe non commestibili, un’esperienza straordinaria per tutti. In una interessante veste di cuochi-agricoltori.
